Le matériel de cuisine : 3 matériaux sains

Une bonne alimentation commence par un bon matériel de cuisine : sain, efficace et durable. En France, la qualité des produits et services est régie par le Code de la consommation de 1993. Selon ce texte, le responsable initial de la mise sur le marché d’un produit doit s’assurer de sa conformité aux règles applicables (obligation générale de conformité). C’est donc le fournisseur des matières premières qui doit garantir à son client leur aptitude au contact alimentaire en fournissant une déclaration écrite de conformité, délivrée par un laboratoire accrédité. Au niveau européen, un règlement général définit les caractéristiques des matériaux et objets destinés à entrer en contact avec les denrées alimentaires.

Ce règlement repose sur le principe d’inertie, selon lequel le matériau ne doit pas transférer aux aliments des constituants en quantités susceptibles de présenter un risque pour le consommateur ou d’en modifier les qualités organoleptiques ou la composition. L’inertie du matériau, au sens réglementaire, est principalement d’ordre physico-chimique.

Cependant, malgré les recommandations strictes, la réglementation évolue au fil des découvertes scientifiques. Comme en 2020 avec les PFAS présents dans les poêles et casseroles en Téflon. Voyons ensemble les 3 matériaux qui sont certifiés inertes (donc sains) pour choisir vos ustensiles.

L’inox

L’acier inoxydable est largement reconnu comme matériau de référence pour les ustensiles destinés au contact alimentaire. Cet alliage métallique de fer, chrome et nickel développe à sa surface une couche passive d’oxyde de chrome, qui protège contre la corrosion et maintient une grande stabilité chimique et thermique. En conséquence, il garantit une interaction minimale avec les aliments, ce qui permet de préserver tant le goût que la qualité nutritionnelle des préparations.

Cependant, certaines conditions extrêmes (cuisson prolongée d’aliments fortement acides, récipient inox neuf, températures élevées) peuvent entraîner une augmentation de la migration de métaux, notamment nickel et chrome. Ces phénomènes restent en général très faibles dans un usage domestique classique, mais incitent à privilégier une nuance de qualité et à adopter des pratiques adaptées.

Focus sur la nuance 18/10

La désignation 18/10 correspond à une composition d’environ 18 % de chrome et 10 % de nickel dans l’alliage. Le chrome assure la résistance à la corrosion par la formation de la couche passive, tandis que le nickel renforce la ductilité, la brillance et la stabilité de cette couche.
Par rapport à des aciers à plus faible teneur en nickel (par exemple 18/0), l’alliage 18/10 présente une meilleure tenue à la corrosion, une inertie renforcée et des migrations métalliques plus faibles lorsqu’il est utilisé pour des ustensiles de cuisine. Des migrations de chrome, nickel et fer sont inévitables lors de la cuisson des aliments. Même si le fer est bon pour la santé, il vaut mieux limiter l’ingestion de chrome et nickel.

Pour optimiser les performances, privilégier un fond multicouche (inox + aluminium + inox) pour une répartition homogène de la chaleur. Pour éviter que vos aliments collent, il est conseillé d’attendre que la poêle/casserole atteigne 160°C. (Pour le vérifier, lancer un peu d’eau dans l’ustensile, si elle perle et glisse, c’est à bonne température)

Le matériel de cuisine : poêle en Inox 18/10 triply
Poêle Kamberg Inox 18/10

Le bois

Le bois constitue un matériau naturel et renouvelable qui s’intègre depuis des siècles à l’art culinaire : cuillères, spatules, planches à découper3, mortiers. Au-delà de son esthétique et de son toucher chaleureux, il présente des caractéristiques techniques intéressantes : faible conductivité thermique, compatibilité avec des recettes à base de produits acides ou chauds sans réaction chimique, et adaptation facile aux gestes culinaires traditionnels. L’utilisation du bois est donc bien plus qu’un choix esthétique : elle s’inscrit dans une logique de contact alimentaire “simple” et peu transformé, alignée avec une alimentation plus maîtrisée.

Certaines essences de bois, telles que le hêtre ou l’olivier, possèdent des propriétés antibactériennes naturelles. Leurs structures fibreuses peuvent piéger les micro-organismes en profondeur, limitant ainsi leur prolifération en surface. Cependant, cette même porosité implique que le bois absorbe facilement liquides, graisses et odeurs : un mauvais entretien ou un séchage insuffisant peut alors favoriser la survie de bactéries en surface.

Sur le plan hygiénique et microbiologique, plusieurs études récentes ont montré que les ustensiles en bois peuvent être aussi sûrs, voire dans certains cas plus sûrs, que des surfaces plastiques ou synthétiques1. Par exemple, une étude comparative a observé que sur des blocs de bois durs inoculés avec des bactéries, l’absorption rapide de l’inoculum dans la structure du bois réduisait nettement la récupération viable par rapport à des plastiques, même après plusieurs heures2. Une revue systématique conclut que la porosité du bois ne constitue pas nécessairement un handicap pour la sécurité microbiologique : dans certains cas, cette porosité paraît même créer des conditions défavorables à la survie des bactéries en surface3. Toutefois, ces résultats interviennent dans un cadre expérimental contrôlé — ils ne suppriment pas la nécessité d’un entretien adéquat, ni ne rendent obsolète la vigilance en cuisine.

Ces conclusions encouragent l’usage du bois en cuisine, à condition d’adopter des pratiques d’entretien adaptées, particulièrement dans les usages à risque comme la découpe de viandes crues, nous verrons ces pratiques par la suite.

Le verre

Le verre occupe une place singulière dans l’univers culinaire : matériau millénaire, issu d’un simple mélange de silice, de carbonate de sodium et de chaux, il combine transparence, inertie chimique et stabilité thermique. Utilisé depuis l’Antiquité pour la conservation des aliments, il s’est imposé comme une alternative sûre face aux plastiques et aux revêtements synthétiques. Sa composition minérale le rend totalement imperméable aux liquides et aux gaz, empêchant toute migration de substances vers les aliments. Contrairement aux contenants plastiques, il ne relargue ni perturbateurs endocriniens ni microplastiques, même en cas de chauffage au micro-ondes ou de stockage prolongé4.

Sur le plan sanitaire, le verre est considéré comme l’un des matériaux les plus inertes en contact alimentaire5. Les autorités sanitaires et environnementales le classent parmi les supports à risque quasi nul de contamination chimique6. Cette neutralité en fait un choix privilégié pour les bocaux de conservation, plats au four, bouteilles, mais aussi pour les ustensiles de cuisine comme les saladiers, pots ou tasses.

Le verre présente aussi une excellente résistance mécanique et thermique : il supporte les hautes températures des fours domestiques et la stérilisation à chaud, sous réserve d’éviter les chocs thermiques brutaux. Sa durabilité est remarquable — un contenant en verre peut être réutilisé plusieurs centaines de fois sans altération ni perte de qualité. Enfin, il s’inscrit dans une logique d’économie circulaire : 100 % recyclable, il peut être refondu à l’infini sans perte de matière ni de performance écologique7.

Cependant, le verre n’est pas exempt de limites : sa fragilité aux chocs mécaniques reste son principal inconvénient. Une microfissure invisible peut fragiliser un plat, rendant les manipulations délicates. De plus, son poids supérieur à celui des plastiques le rend parfois moins pratique au quotidien. Ces contraintes sont toutefois compensées par sa longévité et son innocuité, en faisant un matériau de référence pour une cuisine saine, durable et maîtrisée.

Matériel de cuisine sain en verre et en bois
Matériel de cuisine en verre et en bois

Entretien du matériel de cuisine

Fabriquer ses produits d’entretien permet de réduire significativement l’exposition aux substances chimiques présentes dans de nombreux nettoyants du commerce. Ceux-ci émettent des composés organiques volatils nocifs qui dégradent la qualité de l’air intérieur — des polluants pouvant irriter les voies respiratoires ou accroître la sensibilité allergique8. Les formulations industrielles contiennent souvent des parfums synthétiques et ingrédients issus de la pétrochimie, dont la libération dans une pièce peu ventilée comme la cuisine crée une pollution durable.

À l’inverse, des préparations domestiques simples — à base de savon, vinaigre blanc ou bicarbonate de soude — montrent des niveaux d’émissions nettement plus faibles9, tout en assurant un nettoyage efficace et en limitant l’impact environnemental. Fabriquer ses produits, c’est aussi reprendre le contrôle sur les ingrédients en éliminant les additifs superflus, réduire les emballages et limiter les risques liés à une accumulation de substances chimiques à domicile.

Les produits essentiels :

  • Vinaigre d’alcool > 6% d’acidité (vinaigre blanc) : Conservateur, dégraissant, désodorisant, détartrant, antiseptique, désinfectant, anti-parasites, antifongique. C’est un multi-tâches qui coûte moins de 1€/L.
  • Bicarbonate de soude : Neutralise les acides et donc de nombreuses odeurs, abrasif doux, nettoyant, adoucisseur d’eau. Entre 1.5 et 5€ les 500gr.
  • Carbonate de soude : Neutralise les acides, débouche la plomberie, détartre, dissout les matières grasses et détache. 1€/kg.
  • Percarbonate de soude : Détachant, blanchissant. environ 5€ les 500 g.
  • Savon noir mou : Très dégraissant et détachant. Il permet de dégraisser les hottes et les fours, de nettoyer les vitres. Environ 10€/kg.
  • Huiles essentielles : Désinfectant, antiseptique, antimicrobien, antibactérien. Pour parfumer vos produits d’entretien. Privilégier celles au citron, et dans les magasins spécialisés/bios.

Les produits maison :

  • Nettoyant/Désinfectant multiusage : 2 cuillères à soupe de bicarbonate de soude, 2L d’eau chaude, 1 cuillère à soupe de vinaigre blanc, 1 cuillère à soupe d’huiles essentielles. Bien secouer après avoir versé les ingrédients.
    • Coût estimé : 0.06€ de bicarbonate + 0.01€ de vinaigre blanc + 2.3€ d’huiles essentielles = 2.37€ => 1.18€/L contre 1.5€/L en supermarché
  • Liquide vaisselle (0.5L) : 1 cuillère à café de bicarbonate de soude, 50gr de savon noir (ou 1 cuillère à soupe de carbonate de soude), 15 à 20 gouttes d’huiles essentielles, remplir le reste d’eau. Agiter doucement pour mélanger.
    • Coût estimé : 0.03€ de bicarbonate + 0.05€ de savon noir + 0.3€ d’huiles essentielles = 0.38€ => 0.76€/L contre 1.58€/L en supermarché
  • Nettoyant WC : 1/3 de vinaigre blanc, 1 cuillère à café d’huiles essentielles, 2/3 d’eau.
    • Coût estimé : 0.33€ de vinaigre blanc + 0.8€ d’huiles essentielles = 1.13€/L contre 1.70€ en supermarché
  • Entretien plomberie : Verser 3 cuillères à soupe de bicarbonate de soude avec 1 cuillère à soupe de sel fin dans la plomberie. Ajouter de l’eau bouillante vinaigrée.

Même si les économies sont relativement faibles à première vue, il faut penser qu’on s’en sert toute notre vie et qu’en plus d’être nocifs pour la santé pour la plupart, la qualité est moins bonne que celles des produits fait maison, en remplaçant les huiles essentielles par des parfums. Toute la partie sur l’entretien maison est grandement inspirée de ce guide, trouvé sur le site de l’ADEME, à lire pour plus d’informations.

En résumé

UstensileMatériau recommandéProduit d’entretienCommentFréquence
CouvertsInoxLiquide vaisselle + eau chaudeLaver normalementAprès chaque usage
Spatules / cuillères / pincesBoisSavon de Marseille + eau chaudeLaver normalementAprès chaque usage
Bols / SaladiersVerreVinaigre + savon de MarseilleLaver normalementAprès chaque usage
BocauxVerreSavon de Marseille + eau chaudeLaver normalementAprès chaque usage
Couteaux de cuisineInoxLiquide vaisselle + eau chaudeLaver normalementAprès chaque usage
Plats au fourVerreBicarbonate + eau chaudeLaisser tremperAprès chaque usage
Grille du fourInoxCristaux de soude + eau chaudeLaisser tremper puis brosserTous les mois
Planche à découperBois (hêtre/olivier)Vinaigre blanc + sel + brosseLaver à l’eau chaude savonneuse, désinfecter au vinaigre ; sel + citron pour taches/odeursAprès chaque usage
La cuisinière/pâte de bicarbonate (eau + bicarbonate)Frotter, rincer puis sécherTous les mois
Four/micro-ondes/pâte de bicarbonate (eau + bicarbonate)Frotter, rincer puis sécherTous les mois
Poêles/casserolesInox 18/10Liquide vaisselle + eau chaudePour les fonds collants : tremper dans de l’eau
vinaigrée
Après usage

  1. SLU, 2023, Survival of foodborne bacteria on wooden and plastic cutting boards ↩︎
  2. PUBMED NIH, 2020, Évaluation des caractéristiques antimicrobiennes des matériaux en bois : revue des méthodes ↩︎
  3. PUBMED NIH, 2016, Microbial Safety of Wood in Contact with Food: A Review ↩︎
  4. Centre de lutte contre le cancer, 2025, Perturbateurs endocriniens et risques de cancer ↩︎
  5. ADEME, 2023, Économie circulaire et plastique en Île-de-France : les dynamiques de réemploi et de recyclage ↩︎
  6. Fédération des industries du verre, 2022, Le verre est l’emballage le plus sûr pour les aliments, selon une nouvelle étude ↩︎
  7. Elise, 2025, Comment le verre est-il recyclé et valorisé ? ↩︎
  8. ADEME, 2023, Si on faisait le ménage dans nos produits toxiques ? ↩︎
  9. ADEME, 2019, Quelle différence entre les produits d’entretien « faits maison » et manufacturés sur la qualité de l’air intérieur ? ↩︎

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